Quelques mots sur l’Opéra de Monte-Carlo…
Jusqu’à présent, j’y ai seulement chanté un concert. Je suis très impatient de retourner dans ce magnifique théâtre ! De plus, je suis fier et touché que Cecilia Bartoli ait fait appel à moi pour chanter à ses côtés lors de la première saison de son mandat à Monte-Carlo.
Un conseil pour sa nouvelle directrice ?
Cecilia a acquis une énorme expérience et de nombreux succès à Salzbourg, ce qui la rend apte à occuper ce poste. Mon souhait personnel est qu’elle prenne soin des voix, et qu’elle soit attentive aux jeunes chanteurs. C’est absolument fondamental, et si difficile aujourd’hui, où peu de gens sont prêts à leur donner une chance. J’ai été invité à chanter Nerone dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi à l’âge de 21 ans. C’était loin d’être parfait mais j’ai tant appris en me trouvant sur scène dans un rôle important aux côtés de collègues expérimentés !
Les opéras de Haendel et Alcina…
J’adore chanter Alcina avec Cecilia, ne serait- ce que pour me tenir dans les coulisses et l’écouter dans son rôle emblématique. Je pense que c’est peut-être la septième fois ! En fait il y a peu de rôles principaux qui conviennent à ma tessiture vocale et à ma personnalité. Deux chez Haendel me correspondent : Sesto dans Giulio Cesare et Ruggiero dans Alcina. Ruggiero a un côté rageur bien connu et un autre proche d’Orphée, qui transparaît dans les célèbres arias « Mi lusinga il dolce affetto » et « Verdi prati ». Il est cependant difficile de rendre Ruggiero sympathique, et je travaille dur afin de faire ressortir les raisons pour lesquelles c’est le seul homme qu’Alcina ait jamais vraiment aimé.
Pour l’avenir, mon intérêt se porte sur de nouveaux domaines – la musique contemporaine et la direction d’orchestre, entre autres – et je commence à envisager d’abandonner mes rôles dans l’opéra baroque. Peut-être Alcina signera-t-il une sorte de bel adieu, nous verrons…
Qu’y a-t-il de particulier dans cette production de Christof Loy ?
Elle est incroyablement belle, intelligente et émouvante. Dans la lecture de Christof Loy, Alcina semble bloquée dans son propre monde, alors que ceux qui l’entourent subissent tous des changements. Il utilise une machinerie baroque pour passer d’une production théâtrale somptueuse à un décor de la fin du XVIIIe siècle dans le style de Così fan tutte, où se déploient des relations personnelles enchevêtrées, avant que tout implose dans le vide. Le troisième acte contient un défi particulier pour moi. En fait, je pense que là je devrais filer à la salle de sport pour me préparer !