Haendel Giulio Cesare in Egitto
vendredi 26 janvier 2024 - 19 h
dimanche 28 janvier 2024 - 15 h
mardi 30 janvier 2024 - 19 h
Dramma per musica en trois actes
Musique de Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Livret de Nicola Francesco Haym d’après le texte de Giacomo Francesco Bussani
Création : King’s Theatre at Haymarket, Londres, 20 février 1724
Nouvelle production
C’est à la capitale britannique, et à son public raffiné avide d’opera seria, que Georg Friedrich Haendel réserve la quintessence de son art. La création en février 1724 de Giulio Cesare in Egitto sur la scène du King’s Theatre at Haymarket est un triomphe. Si les aventures du consul romain et de la reine égyptienne n’étaient pas une nouveauté, l’incroyable beauté des nombreux airs dédiés au castrat Senesino et à la célèbre Francesca Cuzzoni assurèrent à l’œuvre sa place d’opéra baroque parmi les plus représentés. Balayé par la vague romantique du XIXe siècle, ce titre ne retrouvera le chemin de la scène qu’en 1922 à Göttingen avant d’être mis en lumière après-guerre par les grandes voix du belcanto romantique. Il faudra néanmoins attendre les années soixante-dix pour entendre une exécution respectant l’intégralité de la partition, son orchestration et ses tessitures originales. La nouvelle production monégasque, signée Davide Livermore, s’inscrit dans cette perspective de représentation musicalement informée et sera donnée ensuite à la Staatsoper de Vienne. Après ses mémorables Ariodante et Alcina, Cecilia Bartoli incarne à Monte-Carlo sa troisième héroïne haendélienne et sera entourée de trois contre-ténors, fins interprètes de la musique du XVIIIe siècle.
LES MUSICIENS DU PRINCE – MONACO

Davide Livermore
Chanteur, scénographe et metteur en scène, voilà une combinaison rare de nos jours. Comment abordez-vous un nouveau projet ?
Mon point de repère est toujours la partition, et uniquement la partition, donc la première chose que je fais est d’étudier la musique. Mon travail consiste à comprendre les intentions du compositeur et du librettiste, puis à les traduire sous une forme qui parle à un public moderne. Un artiste communique toujours avec les personnes qui l’entourent. Ainsi, si Haendel ou Verdi ont proposé des choses à leur propre public, je dois trouver un moyen d’expliquer au mien ce qu’ils ont transmis au leur et pourquoi. Mon rôle n’est pas de vous provoquer. Verdi était un grand provocateur, je dois donc simplement vous faire comprendre le pouvoir de sa provocation sur les gens de son époque…
Pas de style « personnel » donc ?
Voici ce qu’on pourrait appeler mon style : des solutions esthétiques qui émanent toujours de l’œuvre et qui visent à rendre clair ce que les spectateurs ont ressenti en découvrant l’œuvre originale. Ma production de Don Carlo pour Monte-Carlo, par exemple, se compose de tableaux de Velázquez vus sous des angles déformés et recréés à l’aide de technologies modernes. Dans des opéras comme Giulio Cesare, nous savons que Haendel n’avait pas l’intention de représenter avec acuité des personnages et des événements historiques de l’Antiquité. L’opéra baroque traite de la fragilité humaine. On nous raconte des choses auxquelles les gens de toutes les époques peuvent s’identifier : les hommes et les femmes, l’amour, le pouvoir, la souffrance et la mort. Des histoires ordinaires pour des gens ordinaires. Là encore, mon travail consiste à trouver un moyen théâtral qui vous fasse comprendre ce qui préoccupait Haendel il y a trois cents ans.
La structure de l’opera seria impose donc une mise en scène différente de celle d’un opéra de Verdi ?
Bien sûr : l’opéra baroque, avec sa forme rigide, exige un autre type de transposition qu’un drame verdien, qui se déroule d’une manière totalement différente. Je suis d’ailleurs fasciné par le fait que la répétition systématique des passages ornés soit devenue quelque chose de si naturel à notre époque : c’est un élément de base des chansons pop, des clips vidéo, de la danse moderne et de l’art. Aujourd’hui, le public s’identifie à cette forme narrative bien plus naturellement qu’il y a peut-être cinquante ans.
Et enfin, à propos de Caruso ?
Ce projet m’enthousiasme parce qu’il nécessite l’invention d’une dramaturgie qui combine mes deux passions : le théâtre et l’opéra. Et qui rende hommage à l’une des plus grandes voix de tous les temps. À mon avis, il y a une caractéristique extraordinaire que l’on retrouve chez tant de grands Italiens : c’est par leur art qu’ils entrent dans le patrimoine mondial.