Donizetti L’elisir d'amore
dimanche 22 décembre 2024 - 15 h
vendredi 27 décembre 2024 - 20 h
dimanche 29 décembre 2024 - 15 h
mardi 31 décembre 2024 - 18 h
mardi 31 décembre 2024 - 18 h (Opéra & Dîner)
Melodramma giocoso en deux actes
Musique de Gaetano Donizetti (1797-1848)
Livret de Felice Romani d’après Le Philtre d’Eugène Scribe
Création : Milan, Teatro alla Canobbiana, 12 mai 1832
Production Opéra de Lausanne
Parmi les plus de 70 opéras de Gaetano Donizetti, beaucoup reposaient sur des tragédies sanglantes et tombèrent dans l’oubli dès la seconde moitié du XIXe siècle. Dans les quelques œuvres qui se sont frayé un chemin jusqu’à nous, on trouve de merveilleuses comédies comme L’elisir d’amore. Son livret fait montre d’un humour farceur mais raffiné tandis que la musique inventive de Donizetti brille grâce à une profusion d’airs inoubliables, chevaux de bataille des plus grands gosiers.
L’intrigue raconte les efforts du pauvre Nemorino pour gagner l’affection d’Adina, fière propriétaire terrienne. Lorsqu’il l’observe lire un passage de Tristan et Iseult mentionnant le philtre d’amour, il décide de partir en quête de ce liquide magique ; il se fait rouler par le commerçant véreux Dulcamara, qui lui vend une simple bouteille de vin à prix d’or. Heureusement, Adina finit par prêter attention aux avances maladroites de Nemorino, notamment grâce à la nouvelle confiance en soi donnée par la consommation du vin de Bordeaux ! L’histoire se terminera bien. C’est par sa sensibilité que la musique de Donizetti nous touche, particulièrement dans la célèbre romance de Nemorino « Una furtiva lagrima ».
Les Musiciens du Prince – Monaco
MAÎTRES D’ŒUVRE
Direction musicale
Gianluca Capuano
Mise en scène
Adriano Sinivia
Assistant à la mise en scène
Arnaud Pontois-Blachère
Décors
Cristian Taraborrelli
Costumes
Enzo Iorio
Lumières
Fabrice Kebour
Chef de chant et pianoforte
Alessandro Pratico
Chef de chœur
Stefano Visconti
SOLISTES
Adina
Francesca Pia Vitale
Nemorino
Vittorio Grigolo
Belcore
Davide Luciano
Dulcamara
Nicola Alaimo
Giannetta
Aitana Sanz
FIGURATION
Mélanie VINCHENT
Nicolas PARRAGUEZ-CASTRO
Johan Sebastian MATAJUDIOS rios
Heathcliff BONNET
Guillaume GALLO MANRIQUE
Nicolas HOUSSIN
Céline CAPACCI
Laurence MEINI
Enfants
Maurice REVEST
Samantha DIMEO
Cassiopea DIMEO
Soan DELAPORTE MARIETTE
CHŒUR DE L’OPÉRA DE MONTE-CARLO
Chef de chœur
Stefano Visconti
Consultant pour l’organisation musicale & assistant chef de chœur
Aurelio Scotto
Régisseuse du chœur & bibliothécaire
Colette Audat
Sopranos I
Galia BAKALOV
Antonella CESARIO
Chiara IAIA
Giovanna MINNITI
Felicity MURPHY
Leslie Olga Visco
Sopranos II
Rossella ANTONACCI
Valérie MARRET
Letizia PIANIGIANI
Laura Maria ROMO CONTRERAS
VITTORIA GIACOBAZZI
Mezzo-sopranos
Teresa BRAMWELL-DAVIES
Géraldine MELAC
Suma MELLANO
Federica SPATOLA
Altos
ORNELLA CORVI
Maria-Elisabetta DE GIORGI
Catia PIZZI
Paola SCALTRITI
Rosa TORTORA
Ténors I
Walter BARBARIA
Lorenzo CALTAGIRONE
Domenico CAPPUCCIO
Vincenzo DI NOCERA
Thierry DIMEO
Nicolo LA FARCIOLA
Ténors II
Davide Minoliti
Pasquale FERRARO
Fabio MARZI
Adolfo SCOTTO DI LUZIO
Salvatore TAIELLO
Barytons
Fabio BONAVITA
Vincenzo CRISTOFOLI
Kyle Patrick Sullivan
Przemyslaw Baranek
Basses
Stefano Arnaudo
Daniele Del Bue
Paolo MARCHINI
Edgardo RINALDI
Matthew THISTLETON
LES MUSICIENS DU PRINCE - MONACO
General Manager
Margherita Rizzi Brignoli
Régisseurs orchestre
Nicolas Payan
Gleb Lyamenkov
Violons I
Thibault NOALLY (leader)
Ágnes KERTÉSZ
Beatrice SCALDINI
Anaïs SOUCAILLE
Anna URPINA RIUS
Muriel QUISTAD
Laura SCIPIONI
Violons II
Nicolas MAZZOLENI (leader)
Gian Andrea GUERRA
Diego Moreno CASTELLI
Laura CAVAZZUTI
Reyes GALLARDO
Svetlana FOMINA
Altos
Patricia GAGNON (leader)
Diego MECCA
Bernadette VERHAGEN
Emanuele MARCANTE
Violoncelles
Robin Geoffrey MICHAEL (leader)
Emilie WALLYN CROZATIER
Rolando MORO
Nicola BROVELLI
Contrebasses
Roberto FERNÁNDEZ DE LARRINOA (leader)
Clotilde GUYON
Michele ZEOLI
Flûtes
Jean-Marc Goujon (leader)
Flûtes & Piccolo
Pablo Sosa del Rosario
Hautbois
Paolo GRAZZI (leader)
Guido CAMPANA
Clarinettes
Francesco SPENDOLINI (leader)
Roberta CRISTINI
Bassons
Hugo RODRÍGUEZ ARTEAGA (leader)
Jeong-Guk LEE
Cors
Erwin WIERINGA (leader)
Emmanuel FRANKENBERG
Trompettes
Thibaud ROBINNE (leader)
Sebastian SCHÄRR
Trombones
Seth QUISTAD (leader)
Cas GEVERS
Gunter CARLIER
Percussions
Paolo NOCENTINI (leader)
Saverio RUFO
Timbales
Sebastiano NIDI
Harpe
Marta GRAZIOLINO
PERSONNEL DE SCENE
Directeur de scène
Xavier Laforge
Régisseur général
Elisabetta Acella
Régisseur de scène
Jérôme Chabreyrie
Régisseur lumières
Léa Smith
Régisseur sur-titrage
Sarah Caussé
Régisseur enfants
Laëtitia Estiot
TECHNIQUE
Directeur technique
Carlos Proenza
Responsable du bureau d’études
Nicola Schmid
Chefs machiniste
Olivier Kinoo
Yann Moreau
Chef machiniste adjoint
Stéphane Gualde
Franck Satizelle
Peintre décorateur
Laurent Barcelo
Pupitreur machinerie
David M'BAPPÉ
Serurier métallier
Schama Imbert
Techniciens de plateau
Steve SEBIR
Samuel CHARIERAS
Morgan DUBOUIL
Khalid NEGRAOUI
Nicolas MANCEL
Camille TAULELLE
Scott TASSONE
Stéphane SOUICI
Jean-François CHOPIN
Guillaume BRICOUT
Chef électricien et vidéo
Benoît Vigan
Chef électricien adjoint
Gaël Le Maux
Techniciens lumière
Guillaume BREMOND
Grégory CAMPANELLA
Thomas DUONG
Gaspard BELLET
Romain LA BARBERA
Marine GENNA COSTA
Florian CAPELLO
Alain MOREL
Kevin CUDIA
Pupitreurs lumière
Grégory Masse
Dylan Castori
Techniciens vidéos
Felipe MANRIQUE
Andolin Fanti
Chef accessoiriste
Audrey Moravec
Chef accessoiriste adjoint
Franck Escobar
Accessoiristes
Roland BIREN
Emilie JEDWAB-WROCLAWSKI
César Thezan
Chef costumière-habilleuse
Eliane Mezzanotte
Chef costumière-habilleuse adjointe
Emilie Bouneau
Sous-chef costumière-habilleuse
Stéphanie Putegnat
Habilleurs
Karinne MARTIN
Christian CALVIERA
Henda DRIDI
Magali LEPORTIER
Lauriane SENET
Sandrine DUBOIS
Carla CAPUANO
Justine BORDARIER
Véronique TETU
Chef perruquière-maquilleuse
Déborah Nelson
Chef perruquière-maquilleuse adjointe
Alicia Bovis
Margot Jourdan
Perruquiers
Marilyn RIEUL
Corinne PAULÉ
Jean-Pierre GALLINA
Maquilleurs
Francine RICHARD
Agnès LOZANO
Sophie KILIAN TERRIEN
Billetterie
Responsable billetterie
Virginie Hautot
Responsable adjointe billetterie
Jenna Brethenoux
Service billetterie
Ambre Gaillard
Dima Khabout
Assmaa Moussalli

Votre voix est puissante (et belle aussi) et en même temps, vous la parez d’une rare quantité de couleurs, et chaque mot reste clair… Comment y parvenez-vous ?
C’est une recherche permanente… Je pense que le travail est crucial pour atteindre maturité et confiance, même si je reconnais que la nature a plutôt bien fait les choses. Mais le talent doit être cultivé, toujours ! Travailler est donc essentiel, surtout si l’on veut durer.
Je crois que l’utilisation habile de chaque mot et de chaque phrase compte plus qu’un beau timbre, qui n’est pas une fin en soi. Nous ne sommes pas seulement des chanteurs, nous sommes aussi et surtout des acteurs ! Sinon, le « recitar cantando » [déclamer en chantant] n’existerait pas, et Giuseppe Verdi n’aurait pas appelé ses chanteurs « acteurs » ! C’est une des raisons pour lesquelles j’adore Cecilia Bartoli, par exemple… Nous sommes, comment dire, des « maniaques » du mot, mais c’est une manie que je trouve merveilleuse. Une fois cette exigence prise en compte, la puissance, la beauté du son, les couleurs et tout le reste viennent d’eux-mêmes.
À Monte-Carlo, vous avez chanté et chanterez des rôles importants de votre répertoire : Figaro, Schicchi, Dulcamara. Quelles en sont les différences vocales et stylistiques ?
Disons que Rossini était un précurseur et que les compositeurs de son époque et ceux qui ont suivi ont été très influencés par ses chefs-d’œuvre. On retrouve un peu de Rossini chez Donizetti, Verdi, et même chez Puccini dans son merveilleux Schicchi! Je n’ai jamais pensé particulièrement au style, au fait d’être une « grande voix », au vérisme, au romantisme, au baroque, etc. J’ai toujours chanté et interprété selon ce que le livret me suggérait de faire et selon les demandes des compositeurs, avec leurs declamati, legati, piani, mezze voci, etc. et je l’ai toujours fait avec ma voix propre, en essayant de ne jamais la forcer. Cela fait vingt-six ans… espérons que cela durera encore un peu.
Un ou deux rôles que vous aimeriez chanter et que vous n’avez pas encore interprétés ?
Le Baron Scarpia (Tosca) !
Êtes-vous toujours de bonne humeur ?
J’essaie de ne pas trop évoquer ma vie privée, mais j’ai une famille merveilleuse qui, après chaque représentation, après chaque succès, me ramène à la réalité, faite d’amour, de partage, de petits bonheurs qui se perpétuent au sein de mon foyer. Je ne suis peut-être pas toujours totalement heureux, pour diverses raisons, mais j’ai certainement beaucoup de chance et je jouis d’une sérénité que beaucoup d’autres n’ont pas. Cela me suffit pour voir le verre à moitié plein. Vive la vie !
Acte I
Le rideau se lève devant la riche ferme d’Adina, dans un village du Pays basque, à la fin du xviiie siècle. Les moissonneurs se reposent des travaux des champs (chœur d’introduction «Bel conforto al mietitore»). Adina est plongée dans la légende de Tristan et Iseult, sous le regard transi de Nemorino, paysan pauvre et maladroit (cavatine «Quanto è bella, quanto è cara»). À la demande des paysans, Adina lit à voix haute comment les deux amants ont été unis pour l’éternité par un philtre d’amour (cavatine «Della crudele Isotta»). Un roulement de tambour annonce le sergent recruteur Belcore, fraîchement arrivé en garnison dans le village. Il flatte Adina avec un bouquet de fleur et la demande en mariage ; surprise par tant de rapidité, elle lui demande quelque temps de réflexion (cavatine et strette de l’introduction «Come Paride vezzoso / Or se m’ami»).
Nemorino fait gauchement la cour à Adina, mais elle le repousse une fois de plus, au prétexte qu’elle est capricieuse et peu disposée à la fidélité : autant demander à la brise pourquoi elle est toujours en mouvement. Nemorino lui répond par son obstination, et se compare à une rivière irrésistiblement dirigée vers la mer (scène et duo «Una parola, o Adina / Chiedi all’aura lusinghiera»).
Au son d’une trompette arrive le docteur Dulcamara, dans un brillant équipage (chœur «Che vuol dire codesta suonata»). Ce charlatan rassemble les villageois pour leur vanter les mérites de ses potions (cavatine «Udite, udite, o rustici»). Fasciné par son baratin, Nemorino lui demande s’il possède le fameux élixir de la reine Iseult. Dulcamara lui vend contre son dernier sequin une bouteille de mauvais bordeaux et précise que le breuvage ne fera effet qu’un jour plus tard – le temps pour lui de quitter les lieux (scène et duo «Ardir ! / Voglio dire»). Persuadé de détenir un élixir puissant, Nemorino l’avale goulûment (récitatif «Caro elisir, sei mio»). L’alcool le rend bientôt euphorique. Sûr de son succès du lendemain, il joue l’indifférent auprès d’Adina (scène et duo «Lallarallarà / Esulti pur la barbara»). Piquée au vif, celle-ci consent à épouser Belcore ; toutefois, le sergent devant partir le lendemain, il propose que la noce soit célébrée dès le jour même (trio «In guerra ed in amore»). Nemorino supplie pathétiquement Adina de n’en rien faire, mais en vain : elle convie tout le village aux festivités (quatuor et strette du finale I «Signor sargente / Adina credimi»).
Acte II
Dans la ferme d’Adina, les habitants du village sont déjà en train de boire et de chanter (chœur d’introduction «Cantiamo, facciam brindisi»). Dulcamara et Adina improvisent un duo nuptial (barcarolle à deux voix «Io son ricco e tu sei bella»). À l’arrivée du notaire, Adina s’inquiète de l’absence de Nemorino : sans lui, sa vengeance sera incomplète (récitatif «Silenzio ! È qua il notaro»). Entre-temps, Nemorino essaie de renverser la situation en achetant à Dulcamara une nouvelle bouteille d’élixir, mais il n’a plus d’argent (récitatif «Le feste nuziali son piacevoli assai»). Étonné qu’Adina ait fait repousser la noce jusqu’au soir, Belcore suggère à Nemorino une solution : qu’il s’engage dans l’armée, et il gagnera vingt écus. Nemorino signe, et Belcore lui promet de devenir rapidement caporal, se réjouissant secrètement d’éloigner son rival (scène et duo «La donna è un animale stravagante davvero ! / Venti scudi»).
Nemorino ignore une nouvelle d’importance, que la paysanne Giannetta est en train de répandre dans le village : son vieil oncle vient de mourir, lui laissant un joli pécule (chœur «Saria possibile ?»). Toutes les filles entourent soudain Nemorino d’attentions, et il attribue cet empressement aux vertus de l’élixir ; même Dulcamara en reste perplexe (quatuor «Dell’elisir mirabile»). Adina arrive sur ces entrefaites. Ignorant tout, elle aussi, de l’héritage, elle s’étonne de voir Nemorino ainsi courtisé. Dulcamara lui explique que, par amour, il a absorbé un puissant élixir et vendu sa liberté. Adina sent poindre la jalousie et prend conscience de ses sentiments pour Nemorino, qu’elle croit avoir perdu. Le docteur lui propose de le reconquérir grâce à sa potion, mais elle décline l’offre, préférant user de son charme (récitatif et duo «Come sen va contento / Quanto amore»). De son côté, Nemorino a remarqué une larme couler sur la joue d’Adina et en est bouleversé (romance «Una furtiva lagrima»).
Inquiète pour la vie de Nemorino, Adina rachète son contrat d’engagement auprès de Belcore et le porte au jeune homme (aria «Prendi, per me sei libero»). Nemorino croit alors comprendre qu’Adina l’aime, mais elle refuse de l’avouer. Il lui reprend alors le contrat et décide de rejoindre la garnison : «Poiché non sono amato, voglio morir soldato» [«Puisque je ne suis pas aimé, je veux mourir en soldat»]. Adina se décide enfin à ouvrir son cœur. Belcore feint la jalousie, mais se console au motif que le monde est rempli de femmes (récitatif «Alto ! Fronte !»). Les amoureux expriment leur joie, renforcée par la nouvelle que Nemorino est devenu l’homme le plus riche du village. Plus personne ne doute plus des pouvoirs de Dulcamara, qui vante une dernière fois les vertus de son élixir (aria finale «Ei corregge ogni difetto»).
Gaetano Donizetti avait beau être né à une cinquantaine de kilomètres de Milan, dans la superbe cité de Bergame, la capitale lombarde constitua longtemps sa bête noire. Le fiasco de Chiara e Serafina à la Scala, le 26 octobre 1822, restait un souvenir cuisant. À l’exception de deux ouvrages bouffes, L’ajo nell’imbarazzo et Olivo e Pasquale, ses partitions ultérieures ne reçurent là-bas qu’un accueil tiède, même si elles avaient, ailleurs, été couronnées de succès. Le vent commença à tourner à l’été 1830, lorsque la scène rivale de la Scala, le Teatro Carcano, passa commande au musicien bergamasque d’un opéra sérieux qui serait créé le 26 décembre suivant, pour l’ouverture de la saison de carnaval. Les conditions financières avantageuses, l’assurance d’un excellent livret (confié à Felice Romani, le librettiste le plus fameux du moment) et la promesse de deux chanteurs de tout premier plan, Giuditta Pasta et Giovanni Battista Rubini, finirent par convaincre Donizetti de tenter sa chance.
La première de cet ouvrage, Anna Bolena, fut un succès, malgré les critiques hostiles de quelques journalistes acquis à Vincenzo Bellini. Toutefois, Donizetti préféra retirer sa partition pour lui apporter quelques retouches. Malgré une nouvelle fronde du «parti bellinien», la reprise d’Anna Bolena, en février 1831, assit définitivement la réputation de Donizetti sur la place milanaise, à l’égal de Rossini, Mercadante, Pacini et Bellini.
Piquée au vif, la Scala engagea à son tour Donizetti pour un nouvel opéra, Ugo conte di Parigi, présenté le 13 mars 1832. L’accueil fut des plus froids. Mais, durant son séjour à Milan, le compositeur fut sollicité par l’imprésario d’une troisième scène milanaise, le Teatro della Canobbiana, pour écrire un opéra bouffe sur un livret de Romani. L’œuvre devait être donnée quelques semaines plus tard, si bien que le poète, pris par le temps, choisit de traduire (presque mot à mot, avoue-t-il dans la préface) un livret du Français Eugène Scribe, Le Philtre, récemment mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber. La création avait eu lieu à peine dix mois plus tôt, le 20 juin 1831, à l’Opéra de Paris, et l’on pense que Romani prit connaissance de cet ouvrage par le truchement du baryton Henri-Bernard Dabadie, créateur du rôle de Joli-Cœur et engagé à Milan pour chanter la partie correspondante, Belcore.
Présenté le 12 mai 1832, L’elisir d’amore déchaîna l’enthousiasme. Un an après le succès d’Anna Bolena, Milan était définitivement conquise.
L’elisir d’amore fut donné trente-trois fois de suite à la Canobbiana. Rapidement, l’ouvrage gagna les principales scènes d’Europe et d’outre-Atlantique : Barcelone et Madrid en 1833, Lisbonne en 1834, Berlin en 1834 (en allemand, sous le titre Der Liebestrank), Vienne en 1835, Londres en 1836. En 1834, la production au Teatro del Fondo de Naples lança la carrière de Donizetti dans le sud de l’Italie. À la Scala, en 1835, c’est la célèbre Maria Malibran qui incarna Adina. De 1838 à 1848, L’elisir fut l’opéra le plus joué en Italie. En juin 1838, il fut présenté en anglais au Metropolitan Opera de New York, où il fut donné en langue originale six ans plus tard. Le Théâtre-Italien de Paris l’accueillit pour la création française le 17 janvier 1839.
Claire Delamarche
Dans ses précédentes comédies, Donizetti marchait dans les traces de Rossini en pratiquant la farsa en un acte, genre volontiers satirique et parodique. Avec L’elisir d’amore, il trouve sa propre voie en insufflant un caractère sentimental présent par exemple dans l’opéra-comique français, mais peu exploré par le Cygne de Pesaro. Les joies, les doutes, les peines des protagonistes sont peints avec la plus grande sincérité, sans l’ombre d’une moquerie. La spécificité de cette comédie sentimentale réside juste dans la versatilité de leurs dispositions d’esprit, leur aptitude à rire au travers des larmes au lieu de s’enfoncer inexorablement dans la tragédie.
C’est Nemorino, plus qu’aucun autre personnage, qui exploite cette veine sentimentale. Au lieu du chant agile et léger généralement dévolu au ténor d’opera buffa, il adopte un chant plus lyrique, spianato (littéralement plan, c’est-à-dire fait de longues phrases suaves et peu ornées), souvent cantonné au registre medium. Ce style, déployé dès la belle cavatine, «Quanto è bella, quanto è cara !», trouve sa plus belle expression dans la romance «Una furtiva lagrima» (un morceau inexistant dans Le Philtre, ajouté par Romani et Donizetti). C’est l’affection d’Enrico Caruso pour cette noble et splendide mélodie qui déclencha la reprise de l’ouvrage au Metropolitan Opera de New York, en 1904. L’illustre ténor napolitain en fit l’un de ses chevaux de bataille. Deux mois après le Met, Caruso incarnait de nouveau Nemorino dans une mémorable production à l’Opéra de Monte-Carlo.
Le personnage d’Adina est plus évolutif. La beauté de ses cantabili, à l’acte I, lui donne des accents de grande dame : lorsqu’elle lit l’histoire de Tristan et Iseult ou dans le concertato du finale de l’acte I («Adina credimi»), elle se rapproche de grandes héroïnes tragiques telles Lucrezia Borgia, Maria Stuarda, et plus encore Anna Bolena, sa contemporaine. Ce chant élégiaque et tendre, si typiquement donizettien, participe en outre au caractère pastoral de l’ouvrage. Mais ailleurs, Adina se montre plus futile, les nombreuses fioritures de son chant illustrant son tempérament volage et capricieux. Et sa dernière aria («Prendi, per me sei libero») la montre sous un jour tout autre, sans fard, en proie à une profonde mélancolie.
L’orgueil stupide du sergent Belcore s’exprime par une musique plus stéréotypée, où dominent accents majestueux et rythmes pointés aux relents militaires. Les roulements de tambour et les fanfares annonçant ses entrées ne laissent aucun doute sur le personnage.
Dulcamara, le charlatan, est le seul qui s’inscrive véritablement dans la tradition de l’opera buffa. Sa cavatine regorge de tours entendus dans la bouche d’autres docteurs célèbres – en premier lieu Bartolo du Barbier de Séville de Rossini – et plus généralement dans celle de nombreuses basses bouffes italiennes. Digne d’un Sarastro (La Flûte enchantée), la majesté de l’apostrophe initiale, «Udite, udite, o rustici» [Écoutez, écoutez, ô villageois], couvre d’entrée de jeu le personnage de ridicule. Le livret multiplie répétitions et assonances ; cette langue pleine d’esprit est mise en valeur par des phrases syllabiques recto tono (sur une seule note), se rapprochant de la voix parlée. L’énoncé des innombrables vertus de l’élixir constitue un modèle du genre : «Ei move i paralitici, spedisce gli apopletici, gli asmatici, gli asfitici, gli isterici, i diabetici,…» [Il fait marcher les paralytiques, guérit les apoplectiques, les asthmatiques, les asphyxiques, les hystériques, les diabétiques,…], une litanie qui n’est pas sans évoquer, plus près de nous, le «J’ai la rate Qui s’dilate…» chanté par Gaston Ouvrard ! L’orchestre moqueur et imitatif, avec ses motifs en notes piquées et ses rythmes pointés, parfait le portrait du personnage.
Donizetti apporte un soin particulier au chœur, ingrédient essentiel dans la peinture de ce petit monde rustique. Il s’immisce fréquemment dans l’action, commente bruyamment la cavatine d’Adina ou donne la réplique, tel un personnage, à la paysanne Giannetta dans le délicieux «Saria possibile» (acte II). Il accompagne également Belcore de ses accents martiaux. La finesse de l’orchestration et le nombre très réduit de récitatifs complètent le charme et la verve de cet ouvrage dont le succès ne s’est jamais démenti.
Claire Delamarche

L’Opéra en fête : réveillonnez avec l'Opéra de Monte-Carlo pour un 31 décembre inoubliable !
Vivez une soirée unique où l’élégance de l’opéra rencontre l’excellence de la gastronomie dans le cadre somptueux de Monte-Carlo et faites de votre Saint-Sylvestre un moment d'exception.
Profitez d’une expérience lyrique envoûtante dans l’historique salle Garnier avec l’opéra L’elisir d’amore de Donizetti et, pour ceux désireux de poursuivre la soirée en compagnie des artistes de la production, nous vous plongerons dans une expérience inédite alliant art et gastronomie dans le cadre prestigieux de la galerie Hauser & Wirth.
Formule Soirée lyrique :
Succombez à la magie d'une œuvre emblématique de l’opéra italien du XIXe. Un melodramma giocoso tout en poésie et en humour, dans une production raffinée mettant en scène des artistes de renommée internationale.
Un moment unique dans l’écrin exceptionnel de l’Opéra de Monte-Carlo !
Prix : entre 110 et 280 € la place
Formule Réveillon lyrique et festif :
Pour une expérience complète, prolongez votre soirée avec un dîner de réveillon exclusif. Vous aurez ainsi l’opportunité de partager un moment privilégié avec plusieurs artistes de la production L’elisir d’amore.
Après le spectacle, rejoignez la prestigieuse galerie d’art Hauser & Wirth, où l’art contemporain se mêlera à la gastronomie, à la musique et à l’esprit de fête pour une célébration inoubliable. Dès votre arrivée, vous serez accueilli(e) avec une coupe de champagne, dans un cadre élégant et contemporain. À table, un menu de Gala vous attendra, spécialement conçu pour l’occasion par des chefs passionnés. Au cours de ce dîner, laissez-vous surprendre par une ambiance musicale envoûtante, mêlant élégance et spontanéité. Cette atmosphère unique vous accompagnera jusqu’à la nouvelle année que nous accueillerons ensemble.
En cas d'allergie(s) alimentaire(s), merci de nous prévenir avant le 13 décembre 2024 par mail à communication@opera.mc.
Prix : 980 €/pers.
Ce forfait comprend une place en 1re catégorie pour L’elisir d’amore, le dîner et la célébration du réveillon.
Réservations
Les places étant limitées, réservez dès maintenant pour cette soirée d’exception au cœur de Monaco, sur www.montecarloticket.com ou directement par téléphone au 00377 92 00 13 70